Lumière
des Passés
Suite à sa rupture avec ma mère et un bad trip au LSD dont il tardera à se remettre, mon père s’installe au Pays basque en 1975 pour un nouveau départ avec sa compagne, dans la maison de vacances de ses parents.
Toutefois, encore dans l'impossibilité de travailler, il impose un mode de vie marginal où il s'abstient parfois de nous conduire ma sœur et moi à l'école.
Certes, l'été, l'endroit est joyeux, envahi par une famille d’artistes dont je suis fière mais l’hiver, une fois la maison redevenue silencieuse, je souffre de solitude, d’ennui et parfois même de honte.

ma soeur (à droite) et moi • 1968
©Lumières des Passés

mon père • 1977
©Lumières des Passés
Des années plus tard, de retour dans cette maison avec mon boitier, je crée un personnage qui incarne à lui seul les membres de ma famille mettant en scène des souvenirs : ceux qui marquent, ceux que l’on transforme, ceux que l'on supporte.
J’ai associé à mon travail des images de 1977 et des films des années 60 tournés avant cette vie marginale où j'ai souvent dû me prendre en charge.


Par la forme allégorique, je parle du poids du bagage familial, j’évoque le chef de famille, la singularité d'un être, les rêves d’avenir ou la maison elle-même.
Parfois, les images sont replacées dans le décor pour montrer que le souvenir rétrécit ou se déforme au fur et à mesure du temps.
Aussi, j’ai remis en scène des photos des années 70 avec les même personnages, au même endroit utilisant le même Olympus de l'époque. En 40 ans, certains ont disparus, d’autres sont nés. La vie continue et le passé apparait dans le présent tel un voyage dans le temps.
Pour chaque mise en scène, j’ai rédigé une courte nouvelle.
Lumière des Passés réunit des éléments éclectiques qui se répondent et parmi lesquels chacun peut y trouver la résonance de sa propre histoire.
ma mère • 1964
©Lumière des Passés
Arrivée
Pourquoi revenir dans la vieille maison de pierre ?
Pourquoi se mêler au fleuve et à ses reflets ?
Pourquoi s'avancer nue comme s'il avait fallu se dépouiller afin de mieux en recueillir la mémoire ?
Parce qu'il est impossible de faire autrement...
©Lumière des Passés

Il était une fois...
Une histoire transmise de génération en génération. Une mémoire écrite sur le cahier de la vie, gravée à jamais dans le coeur de chacun
©Lumière des Passés

L'ennui
Le temps lui parait long lorsqu'elle s'ennui. Mais l'ennui lui tient compagnie. Il fait le vide en elle. Un vide prêt à l'emploi.
©Lumière des Passés

ma soeur • 1977
©Lumière des Passés

ma soeur • 2023
©Lumière des Passés
Olympus-Penn EE2
Les photos de famille de 1977 et de 2023 ont été prises avec ce même appareil, acheté par mon père au début des années 70.
Les Japonais l'avaient fabriqué avec cette particularité du négatif coupé en deux offrant 72 poses depuis une pellicule de 36 .
A visée verticale, la mise au point est parfois approximative mais il gère correctement l'exposition.
Le charme de ces photos réside dans leur imperfection, leur gestion des couleurs et leur bordure aux angles arrondis laissant apparaitre poussière et défauts du boitier peu entretenu.


Figure de proue
Père de famille nombreuse, vous avez travaillé ardemment pour offrir le meilleur à ceux que vous aimez.
Vous les avez éduqué dans la rigueur nécessaire à leur construction, guidés vers des choix à l'ambition honorable. Vous êtes vent debout, telle une figure de proue entraînant dans votre sillage une tribu dont vous avez la charge.
©Lumière des Passés

Bain dans l'Adour • 1977
©Lumière des Passés

Princesse
Au village, les demoiselles dans entre elles avant d'être officiellement fiancées.
Romantique, l'ingénue rêve d'un élégant qui fera d'elle sa princesse. Assise sur le petit banc de pierre près de l'orchestre, elle porte sa robe de satin rose poudrée, celle qui reflète la lumière des guirlandes multicolores sous lesquelles est échangé un premier baiser...
©Lumière des Passés


mon frère et moi • 1977
©Lumière des Passés

mon frère et moi • 2023
©Lumière des Passés
"Parler à Anne Kuhn rappelle beaucoup d’autres discussions avec des femmes pareillement construites sur une ligne de faille. PJ Harvey, Björk ou Catpower, femmes en rupture, en chantier elles aussi, disent en musique ce qu’Anne Kuhn raconte secrètement dans ses photos. La similitude du discours est troublante, entre ces femmes qui ont choisi l’action, parce qu’elle est plus bruyante que les mots."
Jean-Daniel Beauvallet, journaliste, écrivain, critique musical et cofondateur des Inrockuptibles

Famille sur la murette • 1977
©Lumière des Passés

fratrie sur la murette • 2023
©Lumière des Passés
Galerie


























© copyright photos 1977 : Jakesa Artola Vallée & Olivier Kuhn
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